■ CHAPITRE 4 - REZ-DE-CHAUSSÉE

Mon offensive, menée comme une bien maigre tentative de diversion, ne fait pas grand-chose à cet enfoiré de @Neon Killer qui préfère se concentrer sur mon petit-ami. J'ai la haine contre lui, pour autant, je reste étrangement concentré, la tête aussi froide que possible dans une telle situation. Pourquoi ? Parce qu'il y a quelque chose à tirer d'une telle réaction de la part du tueur aux néons. Il mord à un hameçon différent de celui qui était tendu de prime abord, mais il se distrait quand même et me laisse l'opportunité de frapper fort... Sauf que la lumière n'est plus, que ses néons ne sont plus une indication de sa présence. Il se joue de nous, fait monter la pression jusqu'à l'apparition effrayante d'une grenade lacrymogène. Je ne la vois pas... Je l'entends expulser son gaz aux premiers effets vifs et potentiellement ravageurs. " Sid' fuis ! " Je tente de mettre un coup de pied dans la grenade, à l'aveugle.

" C'est donc ça, ta marque de fabrique ? Piéger les autres et ne surtout pas leur laisser une chance de se battre à armes égales en leur balançant une bombe lacrymo quand tout devient trop sérieux pour toi ? T'es pitoyable ! " J'ai tellement la haine contre iel, peu importe qui se trouve derrière ce putain de masque. J'exècre tout ce que ces néons incarnent, tout ce qui est lié à cette silhouette menaçante qui fait régner la peur, le sang, la mort et la douleur partout autour de lui. Tu n'en peux plus, tes mollets peinent à supporter le poids de ton propre corps, les entailles sont trop nombreuses pour demeurer anecdotiques et tu as peur... Tellement peur de laisser tomber @Sidney, de ne pas arriver à le protéger que tu ne parviens plus à réfléchir correctement... Tu te perds, ouais... T'es condamné, même ! @Sidney tente de m'entrainer vers le sous-sol, je crois, mais nous sommes interrompus par ses hésitations. Nous sommes piégés, en bas, les néons rodent également... En haut ? Le doute est permis... Deux, trois, quatre ? Combien sont-ils, à la fin ?

J'étouffe, forcé d'admettre ma potentielle défaite face aux effets de cette grenade lacrymogène. Je n'ai jamais été confronté à ce type de produits, pas vraiment du genre à me trouver dans les mauvais plans sur les manifestations lorsque les policiers décident de multiplier les interventions censées dissiper la foule. Est-ce une sorte d'allergie qui fait se bloquer ma respiration de la sorte ? Tu ignores de quoi il s'agit, en réalité, mais tu ne parviens plus à respirer comme il faut. Tes yeux se ferment, les larmes abondent et tu ne sais plus vraiment où se trouvent tes repères. " Sid' " Tu gémis, complètement déboussolé. Le @Neon Killer pourrait m'attaquer à n'importe quel moment, cet enfoiré, et je ne le verrais pas venir. Est-ce ainsi que je vais pousser mon dernier souffle ? Pris par surprise, paralysé par un putain de gaz ? Je me suis toujours dit que je partirais en paix, en ayant tout donné pour échapper à mon funeste destin... Ce n'est pas le cas aujourd'hui... Tu ne veux pas mourir, tu ne veux pas manquer ce joli paysage qui se profile à l'horizon, quand tu penses à ce que vous pourriez accomplir @Sidney et toi... Tu veux découvrir chaque nouvelle page à ses côtés, noircir le papier au gré de vos folles aventures, de vos joies, de vos désillusions, de vos surprises, de tout ce qui ponctuera votre quotidien... Tu veux vieillir à ses côtés, ne plus savoir comment t'orienter sans lui... Tu veux être sien et ne plus jamais te souvenir de ce qu'était la vie avant lui... Il m'attrape et me serre contre lui, présence salvatrice. Je m'accroche maladroitement à lui, rattrapé par toutes ces blessures, par ce souffle qui ne me revient pas. " Je t'aime... Souviens-toi de ta promesse ! " Je souffle, contre sa tempe.